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Bien raisonné, le labour reste un atout agronomique

De Michel PORTIER - Journaliste Entraid

Fréquemment remis en cause, le labour garde toute sa pertinence au regard de ses bénéfices agronomiques. Réalisé méthodiquement avec une charrue moderne, il demeure un levier efficace pour restaurer la structure du sol et limiter le développement des adventices.

Longtemps considéré comme un passage obligé, le labour a vu sa place remise en question au profit du travail simplifié et du semis direct. Pourtant, dans de nombreuses situations, il conserve des atouts indéniables, à condition d’être raisonné et bien conduit.

Le premier bénéfice du labour réside dans sa capacité à restructurer le profil du sol. En retournant la terre sur 20 à 30 cm, il aplanit la surface et casse les zones compactées superficielles. Lors des récentes campagnes marquées par des pluies intenses et prolongées, la charrue a permis à de nombreux agriculteurs de sauver leurs semis. Des épisodes qui risquent de se multiplier avec le dérèglement climatique.

Une solution de désherbage

Le labour joue également un rôle clé dans la maîtrise des adventices, à une époque où les herbicides sont de plus en plus encadrés et où les résistances se multiplient. L’enfouissement des résidus de cultures facilite la gestion des maladies et des ravageurs, tout en préparant le terrain pour les interventions de désherbage mécanique. La charrue permet enfin d’incorporer couverts végétaux et amendements organiques.

Des limites agronomiques à maîtriser

Le labour n’est pas sans contraintes. Réalisé sur un sol trop humide, il peut favoriser la formation de semelles et nuire à l’enracinement. Le retournement complet du sol perturbe aussi la faune et la microflore, en particulier les lombrics. Le débit de chantier reste limité, avec une consommation de GNR de 15 à 25 l/ha selon la profondeur et la nature du sol, à relativiser par rapport aux passages de déchaumeur ou de pulvérisateur économisés.

Quant au stockage du carbone, le labour intensif peut avoir un impact significatif. Mais lorsqu’il est ponctuel, intégré dans une rotation et associé à une couverture du sol, ses effets sont limités. D’où l’intérêt de bien ajuster la fréquence et la profondeur du labour, selon les objectifs agronomiques et économiques.

Des charrues plus précises et sous contrôle

Pour soutenir un labour raisonné, les constructeurs ont modernisé leurs charrues. Les pièces travaillantes offrent davantage de polyvalence pour s’adapter aux conditions et à la profondeur de travail. Afin de limiter les frais dans les terres usantes ou pour les usages intensifs, l’offre en pièces renforcées s’est étoffée. La simplification et la multiplication des réglages permettent un ajustement fin, garantissant un labour de qualité. Les charrues accèdent désormais à l’ISOBUS, une technologie que Kverneland a intégrée sur son modèle 2501S i-Plough il y a près de 10 ans. L’ensemble des fonctions hydrauliques sont ainsi pilotées depuis le terminal du tracteur. Couplé au GPS, il permet, entre autres, de gérer automatiquement la largeur de travail et d’obtenir un sillon rectiligne, tout en réduisant la fatigue du chauffeur.

La charrue reste un pilier dans les CUMA

Même si la fréquence de renouvellement des charrues tend à diminuer en raison de l’évolution des techniques culturales et de la hausse des tarifs, le parc de machines reste conséquent dans les CUMA.

Les modèles portés sont très largement majoritaires, plébiscités pour leur facilité d’utilisation. Avec l’augmentation de la puissance moyenne des tracteurs, les achats s’orientent dorénavant sur les modèles 5 et 6 corps. Au-delà de 6 corps, ils concernent surtout les charrues déchaumeuses dédiées à un travail plus superficiel (moins de 20 cm). Les CUMA disposant de chauffeurs souhaitant améliorer le débit de chantier, sans surdimensionner le tracteur, ont toutefois intérêt à opter pour des modèles semi-portés au-delà de 6 corps.

Les utilisateurs de charrues Kverneland soulignent le bon compromis entre poids et robustesse.  « Avec notre Kverneland ES de 5 corps, une masse avant de 600 kg suffit, là où il faut souvent 1 000 kg avec d’autres. Moins de poids à transporter, c’est aussi moins de consommation de carburant », explique l’un d’eux. La sécurité non-stop mécanique à lames des machines norvégiennes est aussi très appréciée : « c’est simple, efficace et sans entretien. »

Depuis de nombreuses années, Kverneland figure parmi les trois principaux fournisseurs de charrues des CUMA.